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Une rencontre inoubliable

Un jour sur Terre, une rencontre inoubliable. Utiliser le « je » et justifier l'inoubliable.

 

Le groupe s'est rassemblé sur la place de Montmirail. C'est pour moi une reprise de la randonnée, après mon accident. D'où l'inscription au CAF d'Avignon.

« Un circuit de cinq heures, peu de dénivelé » a annoncé Roland, de sa voix de stentor,« sans les pauses ». Il assure les présentations : Jeanne, André, Gilles, Didier, Soizic, etc.

Et le groupe a démarré. Je suis. Rapidement le rythme lent annoncé se révèle être celui d'un bon marcheur.

Dix minutes ont suffit à ce que je me retrouve derrière. Tant pis, je ne suis pas ici pour me faire du mal et je conserve mon allant de « sénateur au champ ». Peu à peu, la solidarité des marcheurs s'organise, chacun à tour de rôle s'en vient me tenir compagnie.

Didier est mécanicien à Montfavet. Alors nous avons parlé du métier : diesel, modèles, culbuteurs, chevaux … bref nous avons mis les mains dans le cambouis.

Et puis ce fut Jeanne. Maraîchère bio. Elle marche pour mettre son corps en accord avec ses idées. Son pas respire vigueur, robustesse, résistance et solidité. Une force de la nature, Jeanne.

 

A la première halte, je reçois les quolibets bienveillants des bons marcheurs. Je me refuse à interroger Roland pour savoir comment c'est quand il marche vite. Et par simple goût du défi, je passe sans m'arrêter.

« C'est là que tu as pris le relais, Soizic, t'en souviens-tu ? Tu t'es présentée, moi aussi ». Ce fut un dialogue rando-encyclopédie-chiffons. « C'est dommage, nous n'avons pas le temps pour une photo, un fossile, un bourgeon. ». Et puis, un autre a pris ta place à mes côtés.

 

Alors que tu marchais quelques mètres en aval, soudainement un bien-être m'a envahi. Ce n'était pas du bien être, mais plutôt comme un vide qui s'emplit. Sensation très étrange, nouvelle, sans parole. Comme si nos chakras s'étaient mutuellement ouverts. Surprenante plénitude. Deux auras qui s'interpénètrent. Une seule métaphore, à l'époque, s'est imposée : sur le sable, près de l'onde salée, une vaguelette soudain un peu plus forte que ses sœurs, vient doucement imprégner mon corps, avant que de s'en retourner à la mer, en fins écoulements chatouilleux, tout le long de mon dos et au creux de mes jambes m'offrant une ouverture à la vie imprégnée d'énergies telluriques. Incommensurable. Et, puis tu as pris le dernier relais à mes côtés.

Au fil de nos pas, par le dialogue, nous avons cousu notre mutuelle avancée vers l'autre. Nos trajectoires, nos divorces, les accouchements, nos enfants déjà grands, …. très vite on a tout mélangé. En pleine dégustation du sentier des Dentelles, nous nous sommes reconnues. Tu m'as proposé la symbolique de l'écharpe comme objet de la relation1 où chacun des tenants est responsable d'un bout.

Aussitôt, j'ai adhéré et je t'ai dit « je tiens l'écharpe ». C'est devenu notre leit-motiv, notre moteur. Enchaînée à ton sillage de paroles apaisantes, je suis allée au bout de la balade. Depuis, nous ne nous sommes plus quittées. Et lorsque je t'ai proposé de revenir chaque année aux Dentelles de Montmirail, je t'ai dis, tu m'as dis, nous nous sommes dis « je tiens l'écharpe ». Un réengagement annuel. Dix ans déjà. « Je t'aime Soizic » « moi aussi, Béatrice ».

 

Chic et bohème, le 26 janvier 2016

1Concept de Jacques Salomé



27/02/2016
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