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Le goût des mots : « L'amour a été déclaré, nous allons déguster »

What a good vibration !

Iris marque une pause pour mieux déguster ce temps d'amour qui l'a conduite ici. Elle ferme les yeux pour communier avec les odeurs. En prise directe.

Ces belles effluves l'embarquent aussitôt vers les garrigues de son enfance. Garlaban, la Sainte-Baume, les collines du Rove. Les grandes classiques. Elles sont toutes là : thym, sarriette, romarin, laurier, lavandin. « Voici pour 100 francs …. »¹ la chanson de Bécaud orchestre ce voyage au pays des senteurs. Sur ces parfums d'enfance, le taureau ailé de Camargue est venu déposer une montagne de riz rouge safrané. Elle n'y résiste pas. Sa fourchette plonge.

Cette onctueuse puissance amidonnée est accompagné de rose et de jasmin. La chair ferme des lactaires et des girolles libère sous la dent leurs arômes constitutifs de sous-bois de conifères et d'humus mêlés. Dans cette farandole entrent alors la fraîcheur acide de l'épinard et du citron vert, le craquant des chips de butternut entulipées par leur passage sous la salamandre, folle sarabande qui s'achève sur la légère amertume des chicorées pendant que s'affolent ses papilles au retour des essences provençales.

Iris est aux anges, transportée par cette symphonie lyrique de parfums et de goûts. Merveilleuse mécanique ondulatoire de précision.

Le parfum trop capiteux d'une bourgeoise endimanchée s'impose et rompt brutalement son voyage goûteux.

Concomitance apéritive, il est plus de midi au musée Cézanne d'Aix en Provence. Elle sort et cherche à se sustenter, pendant que persistent longtemps en elle, les vibrations sensorielles de la Sainte-Victoire, peinte par le maître. Elle le sent : une histoire d'amour s'est amorcée.

Chic et bohème, le 19 novembre 2015