Réactivites

Elle tourne sa cuillère, touille son kawa, lève les yeux, les replonge dans son geste. Son café se dynamise. Elle porte la coupe aux lèvres, son regard rivé sur la porte d'entrée. Le lynx qui l'habite, a repéré ce mouvement vers les toilettes. Non, ce n'est pas lui, ce n'est pas elle.

Ses mains abordent les pages d'un magazine. Les muscles de son visage lui dessinent une moue. Bouche tordue à droite, bouche tordue à gauche. En cul de poule aussi.

Papillonnant de table en table, elle semble observer chaque client. Dos au mur, tel un desperado moderne, elle a vue sur toute la salle.

Elle ne peut manquer l'être attendu. Singulier ! Pourquoi pas au pluriel ? Deux trois copines et copains, son homme et leurs enfants vont peut-être passer la porte du café.

Ses mains reviennent au magazine. Les pleurs d'un enfant expriment son étonnement, déjà levée dans un élan, elle se rassoit. Son œil à la pendule au dessus du zinc vérifie l'exactitude de sa montre. Les doigts tournent les pages de la revue sans que son regard ne s'y arrête.

Ses jambes croisées, encollantées de noir, chaussée d'escarpins, s'agitent sous la table, les croise, les décroise … un pied à demi sorti de sa chaussure joue les pics verts sur le montant du mobilier. Cette émission sonore est couverte par le brouhaha de la salle.

Un garçonnet vient de franchir le tourniquet ! Elle a bondi, renversant son café ; l'accompagnant du môme, resté à l'extérieur, s'éclipse. Longtemps, ils s'embrassent. Leurs mains se rencontrent, se trouvent.

Ils sortent. Je les suis. Les quais. TGV pour Montpellier.

Chic et bohème à Montpellier, le 28 janvier 2016